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Le Conservatoire Populaire de Genève a deux nouvelles professeures de harpe

L’Allemagne a une formidable tradition d’orchestres, non seulement de grands orchestres nationaux mais aussi de petits orchestres locaux développés au sein de leurs communautés. Il y a tellement d’orchestres qu’ils sont classés par catégories de « A » à « D » ; il fut un temps où j’avais un poste dans un « D ». Mis à part le fait que cette note me rappelait amèrement les notes de mes devoirs de français, cela signifiait également que cet orchestre était petit… tout comme son budget.

Quand j’en suis partie pour travailler chez Camac, le chef d’orchestre m’avait convoquée dans son bureau pour m’annoncer ce qu’il pensait être une façon brillante de faire des économies : supprimer le poste de harpe. Je serais même appelée en priorité en free-lance, si je soutenais l’idée. Une bonne bagarre une discussion très animée s’ensuivit. Supprimer un poste semblait une vue à court terme : plus vous êtes petit, plus c’est facile pour les autres de vous couper les vivres. Au lieu de geindre, dis-je en m’échauffant peu à peu sur le sujet, il devrait promouvoir des projets qui rayonnent sur la communauté pour atteindre durablement le public, plutôt que zéro projet de développement, ce qui était le chiffre du moment, et que d’empêcher les musiciens de prendre des congés maladie quand ils n’étaient pas malades, ce qui coulait le budget du théâtre. J’ai alors quitté le bureau et dit à tous mes collègues de refuser l’idée, à la prochaine réunion de l’orchestre.

Le résultat de tout cela fut que le poste de harpe a survécu. Ses heures ont même augmenté et d’autres postes, comme des cordes supplémentaires, ont été créés et une série de projets transversaux a vu le jour. L’orchestre est maintenant dans le groupe « C » et va de mieux en mieux. C’est plus que ce que je ne peux dire de mes devoirs de français…

Il est réconfortant de voir un centre musical se développer et s’épanouir. A Genève, le Conservatoire Populaire a pris la sage décision de poursuivre l’excellent travail d’Isabelle Martin-Achard. Il se trouve qu’il y a tellement d’étudiants motivés qu’au moment où Isabelle a pris sa retraite, le poste a été doublé et deux nouvelles professeures de harpe ont été engagées, Céline Gay Des Combes et Blandine Pigaglio, pour reprendre son poste et développer à terme deux grandes classes.

Conservatoire populaire de Genève

« J’apprécie énormément l’ouverture d’esprit et la vision progressiste de ce Conservatoire », explique Céline. « Les professeurs ont beaucoup de liberté dans la construction de leur enseignement, et l’Ecole encourage les projets créatifs, aussi innovants soient-ils. Il y a également des classes de théâtre et de danse très fournies, ce qui va nous permettre de mettre en place des projets pluridisciplinaires. C’est un aspect de l’enseignement auquel Blandine et moi tenons tout particulièrement. Ainsi, nous avons déjà préparé plusieurs spectacles auparavant : par exemple le « Conte de Jakata » que j’ai organisé avec Marielle Nordmann et Elodie Wuillens. L’hiver prochain, nous espérons monter le spectacle que Blandine a écrit en se basant sur le « Baroque Flamenco » de Deborah Henson-Conant ».

« Mes élèves et moi avons écrit une histoire autour du « Baroque Flamenco » nous dit Blandine. « Cela commence à la cour de Marie-Antoinette, et continue avec des pièces baroques et de la musique espagnole tout le long. J’espère que nous pourrons aussi avoir des danseurs de flamenco, de la classe de flamenco du Conservatoire… C’est formidable d’avoir la possibilité de monter de tels spectacles, de remettre la musique dans son contexte et de donner aux étudiants un projet à grande échelle à se mettre sous la dent! »

L’éducation musicale est un autre domaine vulnérable, sujet à des coupes de budgets irréfléchies. On oublie parfois que l’éducation musicale ne se réduit pas seulement à mettre ses doigts sur un instrument. Nous parlons aussi, par exemple, d’apprendre à se tenir à quelque chose et travailler régulièrement pour atteindre un but spécial ; du développement émotionnel et de l’expression individuelle ; du travail d’équipe et de la gestion du stress. Le Conservatoire Populaire vient juste de lancer un fantastique projet de développement culturel, auquel participe les classes de harpe de Céline et Blandine. Nous avons parrainé ce projet en mettant à disposition trois harpes celtiques pour les cours de harpe et trois harpes celtiques pour le travail personnel des élèves à domicile.

« Ce projet a commencé en septembre dernier, dans une école située dans un des quartiers de Genève les plus difficiles ». dit Céline. « Cela concerne une classe de 21 élèves de 8 ans, qui n’auraient jamais eu accès à des cours de musique autrement. Les enfants sont conduits au Conservatoire pour deux heures de cours le lundi matin, huit professeurs sont concernés, et les enfants ont des cours d’instruments par groupes de trois, 3 pianistes, 3 guitaristes, 3 harpistes, etc. Le jeudi, les élèves ont une matinée de cours de formation musicale plus générale : solfège, rythmique, etc. Le plus beau dans ce projet, c’est qu’il va durer quatre ans, ce n’est donc pas un de ces projets où des musiciens classiques de classe moyenne viennent dans une classe, dirigent un atelier d’une heure et disparaissent. Les enfants auront reçu un vrai enseignement musical au final. Pour toute la durée de ce projet, ils sont membres à part entière du Conservatoire Populaire, avec accès libre à tous les ateliers et cours supplémentaires proposés, ainsi qu’à la bibliothèque et tout ce qui va avec.

L’enseignante de la classe en question est déjà très surprise par la façon dont les enfants ont réagi aux cours de musique. C’est particulier, car ils peuvent apprendre s’ils s’impliquent, c’est très motivant et épanouissant, parce que c’est leur réussite et celle de personne d’autre. Rien qu’avec les harpes, j’ai vu le résultat de cette motivation. Pour que les élèves apprennent à prendre soin des instruments gracieusement prêtés et qu’ils puissent avoir le temps d’apprendre à accorder pour être un minimum autonomes, les élèves n’ont pu emmener leur harpe à la maison qu’après 3 mois de cours. Ainsi, c’était comme un vrai cadeau et tous se réjouissaient de ce moment et même de recevoir des devoirs à la maison! ».

 

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