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Harpes au Max 2018

Nos fidèles lecteurs n’auront certainement pas oublié que nous venons de vivre la deuxième édition du festival Harpes au Max. Ce grand et fantastique week-end dédié à la harpe s’est déroulé dans tout le pays d’Ancenis, où est basée notre entreprise.

Bien souvent, les événements harpistiques sont organisés par des harpistes pour des harpistes. Tous les domaines spécialisés nécessitent une activité spécialisée, mais la musique perd son essence même si personne ne l’écoute. Le festival Harpes au Max a ceci d’inhabituel qu’il s’adresse au grand public : nos collègues de Mouzeil, leurs familles, leurs amis qui vivent dans la région, les habitants, les touristes. Ce n’est pas nous qui l’organisons. Notre Président, Jakez François, en est le directeur artistique, mais toute la logistique (pas moins de 75 harpistes et leurs harpes !) est assurée par la Communauté de communes du Pays d’Ancenis (COMPA).

D’un pays à l’autre, l’investissement public dans un événement culturel peut varier. Mais une chose est certaine : cela n’existe pratiquement pas pour la harpe. La confiance et l’enthousiasme de la COMPA pour nos instruments et pour les artistes qui les jouent sont un magnifique engagement vis-à-vis de la place que la harpe peut prendre dans les courants musicaux actuels.

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Pour vous donner un aperçu de la complexité et de la richesse de Harpes au Max 2018 : le festival a débuté le jeudi 17 mai au soir avec un parcours mystère. Les voyageurs curieux sont montés dans un bus à 20h et ont embarqué pour une exploration sur le thème celtique, avec des concerts de Nolwenn Arzel et Adèle Mol

Reportage: Adéle Mol

Un article de journal sur les 11 (!) concerts d’Adèle Mol dans divers endroits à l’occasion de Harpes au Max.

La Bretagne fait partie des pays celtiques (avec l’Ecosse, l’Irlande, le pays de Galles et la Cornouailles) et notre implication dans l’univers de la harpe celtique est tout autant culturel et régional qu’artistique et organologique. Notre entreprise est née en plein renouveau breton et celtique et nous avons toujours été d’ardents défenseurs de la harpe celtique en tant qu’instrument à part entière.

Après ce parcours mystère, la musique bretonne a continué de résonner. Nikolaz Cadoret et Cristine Mérienne ont interprété leur “Ballade Celtique” à Loireauxence, puis Marianne Gubri (originaire de Bretagne) et son Ensemble Lyrae basé à Bologne, ont joué un panorama de musiques bretonne et irlandaise, anciennes et récentes. Pendant ce temps, au Théâtre Quartier Libre à Ancenis, plusieurs têtes d’affiche du festival ont donné de petits concerts privés pour des personnalités de la région, pour nos salariés de Mouzeil et leurs familles. Cela a été également l’occasion d’accueillir Isabelle Perrin, marraine du festival, directrice artistique du Congrès Mondial de la Harpe et professeur à l’Académie de Musique de Norvège, et anciennement à Nantes (petite anecdote amusante : elle a été la professeur de Jakez !). 

Après le duo de harpes classiques formé par Isabelle et Evgenia Marchenko, nous avons pu apprécier la musique traditionnelle bavaroise et tyrolienne du Moritz Demer Ensemble, le bel univers musical des chanteuses et compositrices Addi & Jacq et l’ambiance sud-américaine du jeune Ensemble Son Joropo tout droit venu de Colombie.

Pour la première journée complète de festival, tous les ensembles de harpes invités ont commencé leur programme intense de concerts gratuits dans différents endroits. Les ensembles représentent une part primordiale du programme de Harpes au Max : ils se déplacent en bus (chaque groupe est escorté par deux de nos beaux, forts et sympathiques #camacguys pour transporter toutes les harpes…) et jouent… un peu partout ! De la galerie marchande à la gare, de la bibliothèque à la place du marché, dans les hôpitaux, les écoles, les maisons de retraite et dans la rue… Entre le 18 et le 20 mai, des groupes de harpes fleurissaient un peu partout dans le Pays d’Ancenis ! Nous sommes très touchés que ces ensembles nous aient suivis dans ce défi incroyable : Ensemble Lyrae (Italie), Ensemble Son Joropo (Colombie), Harporetum (France), the Swinging Harp Sisters (Pays-Bas), Trinity Laban Harps (Londres) et Harpes en Loire (France). Merci et félicitations à chacun d’entre eux pour leur enthousiasme et leur endurance et pour avoir donner autant de plaisir à tant de personnes qui n’auraient pas pu se rendre à un concert.

La soirée du vendredi a commencé dans la joie et la bonne humeur avec l’ouverture du village du festival devant le Théâtre d’Ancenis. Nos artisans locaux y ont exposé leurs œuvres. Des visages désormais familiers comme Jocelyne Réal (Meilleur Ouvrier de France en marqueterie, qui réalise notre Canopée Grand Concert), Sophie Poyer (qui peint nos tables d’harmonie à la main) et Jean-Bernard Jouteau (artiste sculpteur qui a créé nos harpes Art Nouveau, Oriane et Trianon) côtoyaient d’autres artisans de la région. Certains d’entre eux ont joint leurs talents pour créer une harpe celtique spécialement pour l’occasion. Cette harpe a été offerte par tirage au sort à une classe de harpe qui est désormais l’heureuse propriétaire de cette Mélusine « Pie » totalement unique. Au milieu du village du festival était installée une grande scène ouverte sur laquelle le Christine Lutz Quartet a interprété du jazz manouche sous un soleil éclatant… La fête avait bel et bien commencé ! 

Après l’ouverture du village, nous nous sommes installés dans le théâtre pour écouter le concert d’Addi&Jacq (Etats-Unis), suivi par le Paige Su Trio venu de Taiwan. Quelques kilomètres plus loin, le Celtique Trio composé de Nolwenn Arzel, Loïc Bléjean et Yvon Molard ont donné un concert de harpe, uillean pipe, low whistle et percussions. Si ni la musique celtique ni la musique pop ne vous tentaient, vous pouviez aller écouter du rock à Mésanger avec Nobody’s Cult et After the Bees. Vers 23h, nous nous sommes tous retrouvés à Ancenis pour le premier des deux concerts de jazz avec le fantastique Charles Overton et son quartet (Etats-Unis).

La journée de samedi a débuté sous le soleil (il fait toujours un temps magnifique pour Harpes au Max, on ne dirait pas que ce festival se déroule dans la région la plus pluvieuse de France) avec un récital classique par deux brillants et courageux jeunes harpistes de la classe d’Isabelle Moretti au Conservatoire de Paris. Un grand bravo à Mélanie Laurent et à Léo Doumène pour leurs magnifiques prestations ! Le public (concert à guichets fermés !) ne comprenait heureusement pas autant de harpistes que d’habitude, mais il y avait tout de même suffisamment de grands noms de la harpe au premier rang pour impressionner le plus talentueux et robuste des solistes ! 

Ceux qui avaient manqué le jazz manouche du Christine Lutz Quartet la veille avaient une chance de se rattraper en se rendant à Trans-sur-Erdre où le quartet jouait à nouveau. Un autre concert classique a également été donné dans la célèbre Chapelle des Ursulines d’Ancenis. Nous étions ravis d’y accueillir deux lauréats de concours internationaux : Evgenia Marchenko (Russie, premier prix de la Wales International Harp Competition en 2018) et Yu Ying Chen (Chine, premier prix du 19e Concours International de Harpe d’Israël en 2015). 

Samedi soir, nous avons dû choisir et nous séparer, car plusieurs concerts exceptionnels avaient lieu en même temps. A Vallons-de-l’Erdre, une véritable brasserie avait été installée pour accueillir une nuit de danse, de chant, de partage et de festivités avec le Moritz Demer Ensemble (Bavière/Tyrol). C’est au sud de l’Allemagne que le fondateur des Harpes Camac, Joël Garnier, avait découvert la Volksharfe simple-mouvement et cela l’avait incité à se lancer dans la fabrication de ses propres harpes à pédales. Moritz Demer, directeur de la Wastl-Fanderl Schule à Munich, et ses collègues Reinhard Gusenbauer et Koal Dumfart, nous ont ouvert les portes du monde de la Volksmusik.

Bien loin des clichés de l' »Oktoberfest » (Fête de la Bière), cette musique se retrouve dans le sud-est de la Bavière, la Haute-Autriche et le Tyrol. C’est une musique fascinante et pas seulement en raison des parallèles que l’on peut faire avec d’autres types de musique traditionnelle. Comme dans les pays celtiques ou chez les harpistes d’Amérique Latine, la Volksmusik était à l’origine transmise oralement et était jouée principalement par des autodidactes. A un moment donné, les harpistes ont commencé à mettre en place des standards, en créant par exemple des méthodes écrites, et les luthiers en ont fait de même. A Salzbourg, c’est Berta Höller (encouragée par le luthier Franz Bradl) qui a pour la première fois mis sur papier une méthode pour apprendre la Volksharfe. A son tour, Bradl a standardisé à la fois les pédales et les couleurs de cordes, car jusqu’alors les harpes n’avaient pas toujours sept pédales ni des cordes rouges pour les Do et noires pour les Fa. On peut aisément faire des parallèles avec le travail qu’a entrepris Edmar Castaneda avec nous, aboutissant à la création d’une harpe Llanera avec des couleurs de cordes standardisées, des leviers et un accord stable. Le lien étroit entre les harpistes et les luthiers permet de monter le niveau de qualité et d’ouvrir de nouveaux horizons aux artistes, et il n’est pas surprenant de constater alors que l’engouement pour l’instrument explose. Aujourd’hui, il existe 217 écoles publiques et privées de Volksmusik rien qu’en Bavière, avec actuellement 877 élèves en harpe. 

Pendant ce temps, à Ancenis, JeanJeanne et Edmar Castaneda World Quartet impressionnaient leurs publics par l’éclat de leurs univers musicaux totalement uniques. JeanJeanne associe la musique traditionnelle celtique avec le rock, le classique et le contemporain. Edmar Castaneda a imposé la llanera vénézuelo-colombienne dans le latin jazz contemporain. La soirée s’est terminée tard à nouveau avec un nouveau concert incroyable du Charles Overton Quartet. 

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Les parents de jeunes enfants sont rarement encore debout après minuit et le programme de Harpes au Max n’était pas seulement dédié aux noctambules. Le dimanche matin, le Cinéma Eden à Ancenis a ouvert ses portes pour accueillir une nouvelle création de François Pernel : le dessin animé de Zdeněk Miler intitulé “ La petite taupe ”, mis en musique par François. Un beau moment pour petits et grands ! Toujours dans le but de mettre les plus jeunes en valeur, les lauréats de notre concours pour harpe celtique Dasson an Delenn 2017 ont joué deux fois au Château d’Ancenis. Félicitations à Antonin Juhel, Klervi Montfort-Perrin, Adèle Etaix et Adrien Daussy, qui nous ont convaincus que la nouvelle génération de concertistes sur harpe celtique est bel et bien vivante en Bretagne et que la relève est assurée. D’ailleurs, les deux séries de concerts des jeunes artistes (harpe classique et harpe celtique) étaient programmées deux fois cette année suite à l’immense succès que ces concerts avaient rencontré en 2016. L’équipe d’A&R Camac était soulagée de pouvoir y assister cette fois-ci…

Dimanche après-midi, tous les ensembles de harpes se sont rassemblés au Théâtre d’Ancenis et nous avons eu la chance d’écouter une partie des programmes qu’ils avaient interprétés avec énergie tout au long du week-end. Le village du festival était tout aussi rempli que la salle de spectacle, et après le concert à l’auditorium, chaque ensemble s’est dirigé vers la scène ouverte pour un dernier final ! 

Le dernier événement (enfin, dernier si on exclut l’after, mais ça, c’est une autre histoire…) était un splendide concert classique par Evgenia Marchenko et YuYing Chen. 

En plus des divers concerts par les ensembles de harpes dans de nombreux lieux différents et les événements dont nous avons parlé, le festival Harpes au Max proposait également divers conférences et ateliers tout au long du week-end. La plupart a eu lieu dans des bibliothèques locales (Ancenis, Mouzeil, Pannecé, Loireauxence, Vallons-de-l’Erdre, Joué-sur-Erdre, Le Cellier…) et a permis d’aborder des sujets aussi divers que la Volksmusik des Alpes, la harpe sud-américaine, la chanson française, la danse ou l’improvisation collective. Robert Adelson, conservateur de l’exposition de notre collection privée au Château d’Ancenis, était également présent pour proposer des visites guidées et présenter nos instruments historiques. La COMPA avait aussi mis en place un programme pédagogique pour les scolaires et plus de 700 élèves ont ainsi pu bénéficier d’événements spécialement conçus pour eux. 

Cela ne vous surprendra pas si on vous dit qu’à l’issue de cette deuxième édition de Harpes au Max, nous avons le sentiment que l’organisatrice-en-chef Hélène Challain et ses collègues en savent bien plus sur la harpe que nous. Pour en revenir aux parallèles dans différents pans de l’histoire de la harpe : nous avons appris par Moritz Demer que les personnalités politiques régionales ont joué un grand rôle dans le développement de la Volksharfe. Elle est souvent en lien avec d’autres aspects de la culture locale, comme les costumes traditionnels ou les produits locaux. Les pionniers qui ont influencé l’instrument (Tobi Reiser, par exemple) ont souvent été à la tête ou tout au moins partie prenante d’associations pour la promotion de cette culture. La musique est une forme d’expression de la culture, et la culture est une expression des gens qui la vivent. C’est pourquoi la culture est si importante. C’est aussi pourquoi, avant tout, les événements culturels régionaux sont importants et sans doute pourquoi l’organisation d’événements culturels par des autorités publiques est importante. Il est nécessaire d’apporter la culture aux gens et de la rendre accessible au plus grand nombre. C’est un moyen bien plus efficace pour rendre la musique accessible que d’interférer avec la musique elle-même (comme lors de croisements plutôt douteux de versions de grandes pièces classiques qui ne retiennent pas l’attention très longtemps). A la fin du festival, nous étions ravis d’entendre que le nombre de visiteurs a été plus important cette année que lors de la précédente édition, déjà très réussie. Les spectateurs, spécialistes ou non, préfèrent apprécier une musique (quel que soit le genre) qualitative et près de chez eux.

 

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